Le Lys Noir - Faustine
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Le Lys Noir - Faustine

Année de parution : 2017
Éditeur : Les Moutons Électriques - Collection Naos
ISBN : 978-2-36183-392-3

Passionné par le décolleté des belles bien plus que par le devenir de son pays, l’empereur n’est qu’un pantin aux mains de Monzag. Mais ces miettes de pouvoir ne suffisent plus à l’ambitieux marquis. Il projette un attentat qui devrait enfin lui offrir le trône tant convoité.
 
Héritière d’une longue lignée de justiciers masqués surnommée "le Lys Noir", Faustine de Castellac semble être la seule à lutter contre l’oppresseur. Vêtue de sa combinaison de cuir, la jeune femme se change en une redoutable combattante. Une lame à la main, elle ne craint rien ni personne pour anéantir les plans du marquis. Mais Monzag est prêt à tout pour parvenir à ses fins, quitte à pactiser avec les forces du mal. Assistée de Giuseppe, son maître d’armes, et d’Ézéchiel, un inventeur de génie, Faustine s’apprête à affronter un adversaire autrement plus dangereux qu’elle ne l’imagine.
Car ils sont légion.

Le Lys Noir - Faustine

Année de parution : 2017
Éditeur : Les Moutons Électriques
Collection Naos
ISBN : 978-2-36183-392-3

Passionné par le décolleté des belles bien plus que par le devenir de son pays, l’empereur n’est qu’un pantin aux mains de Monzag. Mais ces miettes de pouvoir ne suffisent plus à l’ambitieux marquis. Il projette un attentat qui devrait enfin lui offrir le trône tant convoité.
 
Héritière d’une longue lignée de justiciers masqués surnommée "le Lys Noir", Faustine de Castellac semble être la seule à lutter contre l’oppresseur. Vêtue de sa combinaison de cuir, la jeune femme se change en une redoutable combattante. Une lame à la main, elle ne craint rien ni personne pour anéantir les plans du marquis. Mais Monzag est prêt à tout pour parvenir à ses fins, quitte à pactiser avec les forces du mal. Assistée de Giuseppe, son maître d’armes, et d’Ézéchiel, un inventeur de génie, Faustine s’apprête à affronter un adversaire autrement plus dangereux qu’elle ne l’imagine.
Car ils sont légion.

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Chapitre 1 (extrait)

— Faustine de Castellac !
Le Grand Aboyeur du palais resta un instant figé. Devant lui, la foule imperturbable continuait à jacasser. L’air guindé, il porta un regard circulaire sur l’assemblée, puis s’effaça avec déférence. La jeune femme s’avança sous la voûte de verre dans une magnifique robe de soie vaporeuse. Les boucles brunes qui couvraient ses épaules ondulaient au rythme de ses pas. Au centre de la verrière, une impressionnante géode de quartz fractionnait le soleil en une multitude d’éclats. Les yeux mi-clos, cernée de silhouettes que la clarté rendait indistinctes, Faustine devinait déjà l’immense salle de bal, les toilettes poudrées et les conversations futiles.
Le dôme des lumières faisait la fierté de l’empereur. Sertie dans son ossature métallique, l’élégante coupole de cristal dominait le palais des Luzes. L’entrelacs subtil des poutrelles qui s’élançaient en une suite d’arcades disparaissait dans le scintillement du jour. À son sommet, une majestueuse aiguille de verre pointée vers le ciel griffait les nuages, capturant la moindre lueur pour l’amplifier jusqu’au joyau central. Même la lune se faisait éclatante sous le dôme. Ce soir, elle serait pleine. Le bal allait briller jusque tard dans la nuit.
Peu sensibles au génie de l’architecte impérial, les écumeurs de table n’avaient que faire de l’habileté des bâtisseurs. Ces essaims voraces qui grouillaient autour des buffets n’étaient venus là que pour remplir leur panse. Une coupe à la main, les rapaces engloutissaient sans embarras délicats feuilletés et barquettes croustillantes. Parmi les conversations encombrées de victuailles, les postillons jaillissaient des bouches aux lèvres luisantes.
Au sein de la cacophonie ambiante, juchés sur une estrade tendue d’un velours cramoisi, violons et luths égrenaient leurs notes sans grande conviction.
Faustine souleva légèrement sa robe et progressa au milieu des invités. Elle détestait ces regards, ces sourires entendus, les mots fielleux qu’on chuchote à l’oreille. L’accoutrement qu’elle avait dû revêtir ce soir l’exaspérait, mais plus encore toutes les manières et les courbettes qu’imposait la cour de l’empereur Harold.
— Vous êtes ravissante ma chère !
La jeune femme se tourna dans un sourire en reconnaissant cette voix. La comtesse d’Adley était bien la seule personne ici dont Faustine appréciait la compagnie. Cette vieille dame lui avait toujours porté une attention bienveillante, presque maternelle. Sans doute la voyait-elle un peu comme la fille qu’elle n’avait jamais eue. Assise dans un fauteuil dont le haut dossier de tapisserie la couronnait d’une auréole chatoyante, Élanore d’Adley toisait dignement l’assemblée, flanquée de ses deux dames de compagnie.
— Vous semblez avoir encore rajeuni, Comtesse, la complimenta Faustine devant son visage fardé.
— Allons, ma chérie, vous savez bien que je ne suis plus qu’un vieux sac. Tous les regards se tournent vers vous désormais. Il faut bien me rendre à l’évidence, ma jeunesse s’est enfuie il y a bien longtemps et ce ne sont pas toutes ces poudres ni les rafistolages de mon médicastre qui y changeront quelque chose. Méfiez-vous, c’est de fraîcheur dont rêvent les galants. Ah, que ne donnerais-je pour avoir vos vingt ans !
— Vingt et un.
— Vingt et un ! répéta la comtesse en levant les yeux au ciel. Quel bonheur ! L’âge où la peau est ferme, la prunelle vive, les dents blanches. Puis, peu à peu, tout tombe, les dents comme le reste. Le sein qui pointait sous la caresse se gorge un jour de lait, le temps l’avachit et le fripe telle une outre vide. Mais oublions ça, je ne veux pas gâcher votre soirée.
Autour d’elles, les belles riaient aux éclats. Des colliers de perles scintillaient sur les poitrines opulentes qui débordaient de balconnets corsetés. Engoncées dans leurs toilettes, les précieuses gloussaient devant des coqs prêts à tout pour les séduire.
Le Grand Bal de l’Équinoxe réunissait tout ce que Bayence comptait de noblesse désargentée ou non. Alignés devant les grilles du palais, les carrosses des hautes familles de la ville rivalisaient d’orgueil. Ce soir, des aventures allaient naître, d’autres prendraient fin. On se poursuivrait les yeux bandés jusque dans les jardins des Luzes. Toute l’insouciance de l’empire semblait s’être concentrée ici. La nuit risquait d’être longue.
— Qu’êtes-vous venue faire à cette mascarade, ma chère ? reprit la vieille dame. Je crois pourtant savoir que vous haïssez tous ces hypocrites autant que moi. Ne me dites pas que ce brave Giuseppe voudrait vous voir trouver chaussure à votre pied ?
— Assurément non ! Enfin… je suis simplement venue m’amuser.
— Et Dieu sait si leurs simagrées sont risibles. Allez, ma chérie, allez vous divertir ! Surtout, ne partez pas sans m’avoir saluée. Qui peut dire ce que demain nous réserve…
— Je n’y manquerai pas, Comtesse.
Après une légère révérence, Faustine s’éloigna. Les yeux roulaient sur son passage, mais la jeune femme n’y prêtait guère attention, elle cherchait un autre regard. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’un homme en livrée ne se poste devant elle.
— Vous plairait-il de goûter ce nectar, Madame ? demanda-t-il en lui tendant respectueusement un plateau où miroitait un hypocras doré dans de fines coupes en cristal.
Faustine s’apprêtait à refuser lorsqu’elle découvrit le visage du domestique. Ses lèvres s’ornèrent d’un sourire. Elle eut même quelques difficultés à contenir son hilarité. Malgré son âge et sa corpulence, Giuseppe avait gardé une certaine prestance. Pourtant cet accoutrement de laquais lui donnait l’air improbable d’un ours en perruque.
— Quel fabuleux déguisement ! chuchota-t-elle en saisissant la coupe que lui présentait son maître d’armes. Je n’ai même pas reconnu ta voix.
— Ne te moque pas, je te prie, bougonna-t-il. C’est ce que j’ai trouvé de plus efficace pour passer inaperçu.
Faustine détourna les yeux. Elle devait paraître naturelle.
— En traversant les cuisines, reprit Giuseppe dans un murmure, tu devrais aisément accéder au cabinet du marquis. Il y aura bientôt une telle agitation ici que personne ne te remarquera. La petite clé est au fond du verre.
— Notre amie la comtesse…
— Ne t’inquiète pas, je prendrai soin d’elle.
Sans un regard, la jeune femme vida sa coupe, la reposa sur le plateau puis, l’objet clandestin logé au creux de sa joue, se dirigea vers l’orchestre qui entamait la première danse. L’empereur venait de faire son entrée au bras de sa nouvelle courtisane. D’une démarche assurée, un fâcheux s’approcha de Faustine pour l’inviter au bal. Il lui tendait à peine la main lorsqu’une voix éclata dans la foule.
— La peste ! La peste noire !
Comme une sombre marée qui aurait soudain noyé le palais, des milliers de rats envahissaient le dôme. Surgis de toutes parts, ils se répandaient au sol, grimpant sur les chausses, s’accrochant aux robes. La noblesse s’apprêtait à perdre sa dignité.
Lame à la main, les gardes du monarque tentaient en vain d’embrocher les rongeurs. Les belles poussaient des cris de terreur tandis que leurs cavaliers fuyaient, les abandonnant sans hésiter.
Giuseppe avait parfaitement accompli sa mission. Faustine ne pouvait rêver meilleure diversion. Elle recracha aussitôt la petite clé dans sa main et se précipita vers les cuisines en repoussant résolument les rats qui pullulaient devant elle.
La jeune femme connaissait bien le palais. Elle en avait longuement étudié les plans avec son maître d’armes. Dans la panique qui régnait sur les lieux, personne ne s’étonna de sa présence à travers les couloirs pourtant privés. Elle croisa bien une cavalcade de gardes et quelques serviteurs qui bondissaient dans les escaliers tels des bouquetins affolés, mais aucun d’entre eux ne contraria ses pas.
Les rongeurs n’étaient pas encore parvenus aux étages lorsqu’elle atteignit la porte du cabinet. Elle y frappa à plusieurs reprises avant de se décider à introduire la petite clé dans la serrure. La pièce était sinistre et austère, à l’image du marquis. Les lourds rideaux de velours cramoisi tirés devant les hautes fenêtres rendaient l’endroit plus glacial encore.
Suspendue à une potence de métal riveté, l’unique lanterne répandait sa lumière crépusculaire par une subtile combinaison de miroirs mécaniques qui capturaient les derniers rayons du soleil. Faustine repéra immédiatement les documents sur le bureau. Plans, laissez-passer impérial, lettre manuscrite spécifiant les détails de l’opération, lieux de rendez-vous et codes secrets. Elle n’avait même pas besoin de fouiller les tiroirs du secrétaire, tout s’étalait là, sous ses yeux. Le marquis s’estimait-il si puissant qu’il en oubliait la prudence ?
Sans précipitation, la jeune femme souleva son jupon pour découvrir une poche cousue à l’intérieur. Elle en retira méticuleusement un sac de toile qu’elle posa sur le bureau, puis dégaina la dague à l’étrange manche recourbé qu’elle avait sanglée à son mollet. D’une contorsion, elle faufila la lame dans son dos. Il ne lui fallut qu’un geste pour trancher net le laçage de son corset. Sitôt sa poitrine libérée, elle prit une délicieuse inspiration de plaisir avant de souffler de soulagement en maudissant celui qui avait inventé ces bustiers.
Les trois pressions qui ceignaient sa taille ne furent pas longues à dégrafer. Sa robe se froissa aussitôt sur le parquet révélant ainsi le pantalon de cuir noir qui fuselait ses jambes. Il ne lui restait plus qu’à remonter sur son ventre le haut du vêtement qu’elle avait rabattu en quelques plis sur son bassin.
C’est en glissant les bras dans ses manches que son cœur se mit soudain à accélérer. D’une ingénieuse bride coulissante, elle referma sur elle la combinaison noire parfaitement ajustée. Un frisson lui parcourut le dos. C’était chaque fois la même sensation. Un léger étourdissement. Ce sentiment étrange qu’elle devenait enfin elle-même sous cette seconde peau, comme une nymphe qui abandonne son exuvie pour se faire papillon.
 

 
 
Copyright Ephémère / François Larzem