Chapitre 1 : Le tigre blanc
Les voyages en voiture son toujours trop longs, surtout quand on sait où on va.
Maman conduit, papa regarde la carte routière et Mina, ma grande sœur, joue joue à côté de moi avec sa game-boy. Moi, je ferme les yeux et le soleil me lance des flashes à travers le feuillage des arbres qui bordent la route.
Enfin arrivés au zoo, nous découvrons une gigantesque serre en forme de pyramide qui s'élève à l'entrée. À l'intérieur, d'étonnantes plantes aux larges feuilles envahissent les allées et des centaines d'oiseaux multicolores volent en liberté dans le murmure des cascades. On se croirait dans la jungle.
J'ai hâte de voir les tigres et je sors discrètement de la serre. Arrivé devant le territoire des fauves, je vois enfin le tigre blanc. Il est magnifique, allongé de tout son long sur un rocher orangé qui rend son pelage encore plus éblouissant. Mais chaque fois que je l'observe, il détourne le regard. Impossible d'apercevoir ses yeux. Je suis pourtant venu pour ça. Je veux voir s'ils sont aussi éclatants que le petit galet que je garde au fond de ma poche. On l'appelle "l'œil du tigre". C'est une pierre fantastique. Quand on la fait danser devant ses yeux, la lumière papillonne en milliers de reflets dorés. On dit qu'elle ressemble vraiment à un œil de tigre et j'aimerais bien le vérifier. Je grimpe alors en haut de la terrasse, sur l'abri qui domine l'enclos et je me penche au dessus de la grille. J'aperçois le tigre blanc en contrebas. Ses oreilles bougent, il a dû entendre mes pas crisser sur les marches de pierres. Il redresse la tête, hésite un instant, puis regarde dans ma direction. Je distingue enfin ses yeux... Mais tout à coup un éclair blanc m'aveugle. Autour de moi tout semble basculer. Les couleurs se brouillent, le moindre mouvement me donne le vertige. D'insupportables sifflements me transpercent la tête, je sens la douleur traverser tout mon corps comme si des milliards de petites épines ressortaient de ma peau. Mes bras et mes jambes paraissent se déformer devant mes yeux qui pleurent, mes doigts s'allongent et deviennent pointus comme des couteaux. Même mes joues me font souffrir, comme une barbe qui pousserait en quelques secondes. J'ai l'impression que tous les animaux du parc hurlent dans mes oreilles qui n'en finissent pas de grandir et je perds l'équilibre en regardant par-dessus la grille !
Copyright : Éphémère
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